mars 1871

    La Commune est proclamée

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Dès le 1er mai, ça tombe comme à Gravelotte (août 1870). Les fortins tombent les uns après les autres (Moulin Saquet, Issy, Auteuil, Passy, Grenelle...). L'artillerie bombardera jusqu'au 21 mai sans cesse. Le 10 mai, Favre et Foutriquet signent le traité définitif de paix à Francfort. Le 11, (petite vengeance), on ordonne la démolition de la maison de Foutriquet. Le 16 mai, la Colonne Vendôme, symbole de tyrannie, est abattue. (on imputera sa démolition à Gustave Courbet qui avait, par provocation, proposé sa démolition, la trouvant "dénuée de toute valeur artistique" ). Le 21 mai, la horde versaillaise de Thiers arrive par le Point du Jour. Les  combats se succèdent, maison par maison. Tout communard pris en arme est fusillé sur le champ. Quiconque a les mains noires est fusillé. C'est le massacre. Toute femme mal vêtue (?) est considérée comme une "pétroleuse" et fusillée. La ville brûle autant des obus versaillais que des barricades que les fédérés enflamment. Barricade après barricade, les pelotons fusillent indifféremment hommes, femmes et enfants. Les soldats se souviennent des consignes de Thiers ("Les femmes et les enfants (...) sont l'avant-garde de l'ennemi, on doit les traiter comme tels") Alors, pour aller plus vite lors des exécutions, on utilisera bientôt des mitrailleuses.

C'est la semaine sanglante.

 Foutriquet jubile. Son vieux rêve de toujours se réalise. Il va nettoyer Paris de cette populace rebelle, de ces révolutionnaires, de cette Internationale, de ces assassins qui cassent du curé. Les communeux, en rétorsion des massacres, fusillent aussi tout ce qui n'est pas identifié. Les femmes ("ces femelles qui ressemblent à des femmes quand elles sont mortes" selon Dumas fils.) et les enfants érigent effectivement des barricades dans toute la ville. Les Versaillais progressent toujours. Le 23 mai, 300 fédérés sont abattus à La Madeleine. Le 24 mai, 700 sont fusillés au Panthéon... sur ordre de Boulanger (le fameux).

Paris est à feu et à sang .

Malgré l'avancée des chiens de Thiers, la Butte aux Cailles résiste encore. Walery Wroblewski (photo), un polonais émigré, déjà rôdé lors des insurrections de Varsovie en 1863, a la charge des régiments de fédérés du XIII°, dont le fameux 101ème, particulièrement efficace et redoutable, composé pour beaucoup d'ouvriers du quartier. Le 24 mai, du pourtour de Paris, seules, La Villette et La Butte aux Cailles résistent encore. Les Versaillais ont installé des batteries dans les forts de Montrouge, de Bicêtre, sur la place d'Enfer, à l'Observatoire et à Montsouris. Plus de 50 pièces d'artillerie pilonnent maintenant la Butte aux Cailles. Par quatre fois déjà, les forces de Wroblewsky ont repoussé à la baïonnette et au canon les assauts des forces versaillaises.

Le 25 mai, l'attaque débute à midi. Les assaillants cherchent à rejoindre la place d'Italie mais les barricades des avenues de Choisy et d'Italie sont trop imposantes pour être affrontées directement. Protégés par l'incendie des Gobelins, passant par les jardinets, les Versaillais contournent la place et emportent la barricade St Marcel. Ils y fusillent immédiatement une centaine de fédérés qui refusent de se rendre...

La Butte aux Cailles subit alors, pendant trois heures, un pilonnage d'obus incessant. Le XIII° est quasiment entièrement investi. Wroblewsky, au mépris du danger, transporte ses troupes place Jeanne d'Arc pendant que les versaillais conjuguent finalement leurs forces à la mairie du XIII°. Sur le point d'être encerclé, Wroblewsky  réussit à faire passer la Seine à ses hommes (1000) et ses canons sous le nez des Versaillais, confondus par son audace.

L'armée de Thiers s'emploie maintenant à "nettoyer" la rive gauche...  Et, ça continue rive droite... le 26 mai, la résistance s'est regroupée à Belleville. Rue Haxo, on n'a plus le temps de juger les prisonniers. Varlin s'y oppose mais on fusille les 48 otages que Thiers leur avait abandonnés. Le 27 mai, les Buttes Chaumont tombent... vient ensuite  le massacre des Fédérés au Père Lachaise. Du 27 au 28, dans la seule prison de La Roquette, 1900 (!) hommes, femmes et même enfants sont passés par les armes. Le 28 mai, à 15h, tout est fini.

Varlin (celui-là même qui s'était démené pour épargner les otages de la rue Haxo), hébété de fatigue, est reconnu et dénoncé par un curé au lieutenant Sicre. Capturé, ligoté, il est alors délibérément livré à la haine de la meute revancharde pendant une heure. Pluie de coups et de  crachats. Divaguant, à demi conscient, l'oeil exorbité pendant sur son visage, on cale Varlin sanguinolent sur une chaise pour ne pas avoir à le fusiller au sol. Une salve. Varlin s'effondre sous les bravos de la foule haineuse. Jouissance suprême... on crève son cadavre à coups de crosse. Sicre, en bon vautour, le dépouille alors de sa montre pour s'en faire une parure... en souvenir de ce glorieux fait de guerre.

A Versailles, à Satory, partout, on entasse les prisonniers. Des colonnes de prisonniers, arpentent les routes vers les camps de concentration. On se bouscule à leur passage. Les convois de femmes sont les plus prisés. Les hyènes versaillaises jubilent de plaisir à regarder "ces institutrices laïques qui sifflent des petits verres d'eau-de-vie et se marient sur l'autel de la nature"... on les veut putains ou pétroleuses. Toutes les femmes sont incarcérées à la prison des Chantiers à Versailles. Les conseils de guerre font des heures supplémentaires, beaucoup de prisonniers meurent avant même d'être jugés. A Paris (Châtelet, école polytechnique, gare du Nord, de l'Est, au Jardin des Plantes...), les "cours prévôtales" égrènent leurs sentences: "la mort". Le lac des Buttes Chaumont déborde de tous les corps qu'on y a immergés. Il y a tant d'exécutions qu'on décide désormais de "rendre justice" au Bois de Boulogne... à la mitrailleuse... La Seine devenait trop rouge du sang des fédérés!... l'humus des sous-bois boira le sang de façon plus convenable.

Canon mitrailleuse Reffye à manivelle... 125 coups/minute.

A partir du 29 mai, on creuse de gigantesques fosses communes, c'est la litanie des noms des fédéré(e)s exécuté(e)s... on appelle ça la terreur blanche.

Partout on tue. On fusille même deux malheureux qui avaient le tort de ressembler à Jules Vallès! On parle de 30.000 insurgés morts dans les combats, 3.000 morts en détention, 13.700 condamnés (prison, déportation, exil.).

Un soldat, farfouillant négligemment du bout de sa botte la cervelle éclatée d'un fusillé, sort un méprisant

"... et, c'est avec ça 
             qu'ils pensaient !"

 

Bien sûr..."Le cadavre est à terre mais l'idée est debout ! " ... comme l'écrit Victor Hugo...  mais la facture est lourde... ça va mettre du temps à s'éponger... il est des blessures qui ne se referment pas.   

J'aimerai toujours le temps des cerises.
C''est de ce temps-là que je garde au cœur.
      Une plaie ouverte!  
♫ ♪ ♫

commentaires ?...

 

Il n'y a pas eu que des épisodes glorieux dans l'histoire de la Commune.  Ici aussi, dans le XIII°, peu après la fusillade des otages de la rue Haxo, vient la malheureuse aventure des Dominicains d'Arcueil dont la presse versaillaise fera ses choux gras.

Avec la trahison qui a provoqué la perte du Moulin Saquet et le massacre de sa garnison, les fédérés soupçonnent les Dominicains d'Arcueil de renseigner les forces versaillaises. Nous sommes le 17 mai 1871.

Une perquisition est menée par les rescapés du Moulin Saquet... on ne trouve rien mais les Dominicains sont arrêtés. Une enquête rapidement menée les innocente.

Mais l'exaspération des massacres et l'avancée des Versaillais  entraînent la confusion dans les esprits... on propose aux prêtres de prendre les armes, ils refusent, on les "libère". Ils se retrouvent alors devant un véritable peloton d'exécution. Ils sont abattus avenue d'Italie. Deux s'échappent, l'un sera abattu au coin de la rue Vandrezanne, l'autre du côté de Maison Blanche

Leurs dépouilles ont ensuite été déposées dans l'enceinte du Collège du Moulin des Prés.

 

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