Dès le
1er mai,
ça tombe comme à Gravelotte (août 1870). Les fortins tombent les uns après les autres (Moulin Saquet, Issy,
Auteuil, Passy, Grenelle...).
L'artillerie bombardera jusqu'au 21 mai sans
cesse. Le
10 mai, Favre et Foutriquet signent le
traité définitif de paix à Francfort. Le 11,
(petite vengeance), on ordonne la
démolition de la maison de Foutriquet. Le
16 mai, la Colonne
Vendôme, symbole de tyrannie, est abattue.
(on imputera sa démolition à Gustave Courbet qui avait, par provocation, proposé
sa démolition, la trouvant "dénuée de toute valeur artistique" ).
Le
21 mai, la horde versaillaise de
Thiers
arrive par le Point du Jour. Les combats se succèdent, maison par
maison. Tout communard pris en arme est fusillé sur le champ. Quiconque a
les mains noires est fusillé. C'est le massacre. Toute femme mal vêtue (?)
est considérée comme une "pétroleuse" et fusillée. La ville brûle autant des
obus versaillais que des barricades que les fédérés enflamment. Barricade
après barricade, les pelotons fusillent indifféremment hommes, femmes et
enfants. Les soldats se souviennent des consignes de
Thiers
("Les
femmes et les enfants (...) sont l'avant-garde de l'ennemi, on doit les
traiter comme tels")
Alors, pour aller
plus vite lors des exécutions, on utilisera bientôt des
mitrailleuses.
C'est la
semaine sanglante.
Foutriquet jubile. Son vieux rêve de
toujours se réalise. Il va nettoyer Paris de cette populace rebelle, de ces
révolutionnaires, de cette Internationale, de ces assassins qui cassent du
curé. Les communeux, en rétorsion des massacres, fusillent aussi tout ce qui
n'est pas identifié. Les femmes
("ces femelles qui ressemblent à des femmes quand
elles sont mortes" selon Dumas fils.)
et les enfants érigent effectivement des barricades dans toute la ville. Les Versaillais progressent
toujours. Le 23 mai,
300 fédérés sont abattus à La Madeleine. Le 24
mai, 700 sont fusillés au Panthéon...
sur ordre de Boulanger (le fameux).
.
Malgré l'avancée des
chiens de
Thiers, la Butte aux Cailles résiste encore. Walery
Wroblewski (photo), un polonais émigré,
déjà rôdé lors des insurrections de Varsovie en 1863, a la charge des
régiments de fédérés du XIII°,
dont le fameux 101ème, particulièrement efficace et redoutable, composé pour beaucoup d'ouvriers
du quartier. Le 24 mai, du pourtour de Paris, seules, La Villette et La Butte
aux Cailles résistent encore. Les Versaillais ont installé des batteries
dans les forts de Montrouge, de Bicêtre, sur la place d'Enfer, à
l'Observatoire et à Montsouris. Plus de 50 pièces d'artillerie pilonnent
maintenant la Butte aux Cailles. Par quatre fois déjà, les forces de Wroblewsky ont
repoussé à la baïonnette et au canon les assauts des forces versaillaises.
Le
25 mai, l'attaque débute à midi. Les
assaillants cherchent à rejoindre la place d'Italie mais les barricades des
avenues de Choisy et d'Italie sont trop imposantes pour être affrontées
directement. Protégés par l'incendie des Gobelins, passant par les
jardinets, les Versaillais contournent la place et emportent la barricade St
Marcel. Ils y fusillent immédiatement une centaine de fédérés qui refusent de
se rendre...
La Butte aux Cailles
subit alors, pendant trois heures, un pilonnage d'obus incessant. Le XIII° est quasiment entièrement investi.
Wroblewsky, au mépris du danger, transporte ses troupes place Jeanne d'Arc
pendant que les versaillais conjuguent finalement leurs forces à la mairie
du XIII°. Sur le point d'être encerclé,
Wroblewsky réussit à faire passer la Seine à ses hommes
(1000) et ses canons sous le nez des Versaillais, confondus par son audace.
L'armée de
Thiers
s'emploie maintenant à "nettoyer" la
rive gauche... Et, ça continue rive droite... le 26 mai,
la résistance s'est regroupée à Belleville. Rue Haxo, on n'a plus le temps
de juger les prisonniers. Varlin s'y oppose mais on fusille les 48 otages
que Thiers leur avait abandonnés.
Le 27 mai, les Buttes
Chaumont tombent... vient ensuite le
massacre des Fédérés au Père Lachaise. Du 27 au 28, dans la seule prison de
La Roquette, 1900 (!) hommes, femmes et même enfants sont passés par les armes. Le
28 mai, à 15h, tout est fini.
Varlin
(celui-là même qui s'était démené pour épargner les otages de la rue Haxo), hébété de fatigue, est reconnu et dénoncé par un curé au
lieutenant Sicre. Capturé, ligoté, il est alors délibérément livré à la
haine de la meute revancharde pendant une heure. Pluie de coups et de
crachats. Divaguant, à demi conscient, l'oeil exorbité pendant sur son
visage, on cale Varlin
sanguinolent sur une chaise pour ne pas avoir à le fusiller au sol. Une salve. Varlin s'effondre sous les bravos de la foule haineuse.
Jouissance suprême... on crève son cadavre à coups de crosse. Sicre, en bon
vautour, le dépouille alors de sa montre
pour s'en faire une parure... en
souvenir de ce glorieux fait de guerre.
A
Versailles, à Satory, partout, on entasse les prisonniers. Des colonnes de
prisonniers, arpentent les routes vers les camps de concentration. On se
bouscule à leur passage. Les convois de femmes sont les plus prisés. Les
hyènes versaillaises jubilent de plaisir à regarder
"ces institutrices laïques qui sifflent des petits
verres d'eau-de-vie et se marient sur l'autel de la nature"...
on les veut putains ou pétroleuses. Toutes les femmes sont incarcérées
à la prison des Chantiers à Versailles. Les conseils de guerre font des heures
supplémentaires, beaucoup de prisonniers meurent avant même d'être jugés.
A Paris (Châtelet, école
polytechnique,
gare du Nord, de l'Est,
au Jardin des Plantes...),
les "cours prévôtales" égrènent leurs sentences: "la mort". Le lac des
Buttes Chaumont déborde de tous les corps qu'on y a immergés. Il y a tant
d'exécutions qu'on décide désormais de "rendre justice" au Bois de Boulogne... à la
mitrailleuse... La
Seine devenait trop rouge du sang des fédérés!... l'humus des sous-bois boira le sang de façon plus convenable.
Canon mitrailleuse
Reffye à manivelle... 125 coups/minute.
A partir du
29 mai, on creuse de gigantesques fosses
communes, c'est la
litanie des noms des fédéré(e)s exécuté(e)s... on appelle ça
la
terreur blanche.
Partout on tue.
On fusille même deux malheureux qui avaient le tort de ressembler à Jules
Vallès! On parle de 30.000
insurgés morts dans les combats,
3.000 morts en détention, 13.700 condamnés (prison, déportation,
exil.).
Un
soldat, farfouillant négligemment du bout de sa botte la cervelle éclatée d'un fusillé, sort un
méprisant

Bien
sûr..."Le cadavre est à terre mais
l'idée est debout ! "
... comme l'écrit Victor Hugo... mais la facture est
lourde... ça va mettre du temps à s'éponger... il est des blessures qui ne
se referment pas.
J'aimerai
toujours le temps des cerises.
C''est de ce temps-là
que je garde au cœur.
Une plaie ouverte!
♫ ♪ ♫
commentaires ?...

|
Il n'y a pas eu que des
épisodes glorieux dans l'histoire de la Commune. Ici aussi, dans
le XIII°, peu après la fusillade des otages de la
rue Haxo, vient la malheureuse aventure des Dominicains d'Arcueil dont la
presse versaillaise
fera ses choux gras.
Avec la trahison qui a provoqué la perte du
Moulin Saquet et le massacre de sa garnison, les fédérés soupçonnent les
Dominicains d'Arcueil de renseigner les forces versaillaises. Nous
sommes le 17 mai 1871.
Une perquisition est menée par les rescapés du Moulin
Saquet... on ne trouve rien mais les Dominicains sont arrêtés. Une
enquête rapidement menée les innocente.
Mais l'exaspération des massacres
et l'avancée des Versaillais entraînent la confusion dans les
esprits... on propose aux prêtres de prendre les armes, ils refusent, on
les "libère". Ils se retrouvent alors devant un véritable peloton
d'exécution. Ils sont abattus avenue d'Italie. Deux s'échappent,
l'un sera abattu au coin de la rue Vandrezanne, l'autre du côté de Maison
Blanche
Leurs dépouilles ont ensuite été déposées dans l'enceinte
du Collège
du Moulin des Prés.
Accueil > Menu
Principal > Menu Histoire > Suite
juin 1871
|
|