L' Histoire et la Butte aux Cailles

La boulange

de tout un peu    les arbres & jardins   les bons plans   les piétons

accueil

 

On l'a vu, sur la Butte, ce ne sont pas les boulangeries qui manquent. Dans le coin, pas loin d'une dizaine! Le pain, c'est culturel... c'est exceptionnel... c'est même une exception culturelle! Mais, il est loin le temps où, dès potron-minet, on pouvait acheter baguettes, bâtards, gruaux et autres parisiens à un boulanger farineux émergeant, la bouille écarlate, de son fournil...  Rares sont les boulangeries qui ouvrent avant 7h30, c'est plutôt 8h30 voire 9h... Côté pain, aujourd'hui, c'est d'la marque! c'est du gana ®, d'la banette ®, de la flubette (Jean Yanne), de la retrodor® et autres pains brevetés SGDG... pour faire simple, c'est de la daube.

Acheté le matin, le pain est généralement rassis le soir. Pâte trop levée. Cuisson accélérée. Farine médiocre... (bientôt les OGM !). La fierté du pétrisseur nocturne n'est plus de mise. Pour échapper à la baguette taxée, tout boulanger va en cuire le quota minimum. Sitôt vendue, l'espace se libère alors pour le perlin-pain-pain. Le baba bread, ou mieux bobo bread, genre pumpernickel avec raisins, olives, figues et pépins de raisin... bien caoutchouteux et déconseillé aux porteurs de prothèse dentaire. Le boulanger est inventif, pour un peu, il vous vendrait des pains à l'ergot de seigle... flippant!

Même les croissants n'y coupent pas. On a récemment vu des panneaux vantant le "vrai" croissant du Poitou/Charentes... on connaissait plus les Charentes  pour ses charentaises que pour ses croissants. Quant au Poitou... à part Charles Martel et Raffarin... on ne voit pas. Après tout, peut être le Dir'Com de Raffarin (celui qui aide les jeunes filles roumaines le soir) y était-il pour quelque chose... en lisant les petits caractères au bas de la réclame, on s'apercevait alors que seul le beurre était concerné... le beurre des Charentes. Bon sang mais c'est bien sûr!... mais que venait faire le Poitou dans l'histoire ? Finalement, c'est peut être à cause de Charles Martel... ne dit-on pas que le croissant est supposé symboliser la victoire d'une coalition chrétienne lorsque les Turcs assiégeaient Vienne  au XVII° siècle?... mais non, ça ne va pas... 732, c'est bien avant le croissant! Faut pas charrier.

Alors où faut-il aller chercher son pain? Ça, c'est perso! Pour commencer, c'est une question de goût... il y a quand même quelques bons boulangers... ensuite, ça dépend beaucoup du relationnel que vous avez réussi à établir avec le personnel... ça peut prendre du temps... à l'époque du "customer care", il est surprenant de constater que le client est plus attentif à son fournisseur qu'icelui à son client. C'est comme ça (Ce n'est pas spécifique aux boulangers). En gros, "paye et casse-toi, y a la queue...". Et, c'est vrai, il y a la queue. Monstrueuse! On se croirait en période de rationnement. On se prend à vérifier qu'il reste des tickets sur son carnet de rationnement. Parfois, on se croirait en Pologne sous Gomulka. N'achetez jamais votre pain le dimanche avant le déjeuner! Le pain serait encore chaud mais vous mangeriez froid!

Etourdi par l'affluence de sa clientèle, le boulanger innove... il n'est pas rare que les panières soient vides à midi ou à 19h... pour vous, pas le choix... faute de merles, on achète des grives... on se retrouve alors avec des trucs zarbis, riquiquis, plaisants à l'œil mais très chers, trop chers. La satisfaction du baba/bobo fait oublier la cadence des fournées... à la sortie des écoles, il n'y a plus de pains au chocolat... le lundi, pas question de manger des huîtres... ce n'est pas le jour du pain de seigle....

Dans certaines boulangeries, celles qui sont encensées dans les guides (tous impartiaux, évidemment), on arrive avec limousine et chauffeur pour goûter qui un croûton, qui une tartine... mais du bout des dents (on n'a pas encore inventé le crachoir à miettes). Tastons la dernière création du Maître dont les diplômes à médailles dorées ornent harmonieusement la caisse... pendant que le chauffeur de la grosse berline allemande emmerde tout le monde en double file devant les Antoinistes.

Le pain est aujourd'hui un signe extérieur de reconnaissance sociale... la France d'en bas se cogne les magmas caoutchouteux du supermarché (forcément, c'est moins cher), celle d'en haut grignote la dernière création de l'artiste boulanger, l'aristocrate du petit commerce... multipliant ses points de vente et bâtissant ainsi une chaîne où il perd et son âme et notre intérêt via un réseau de franchisés. Mon bâtard pour un empire...

C'est bizarre... il y a encore des campagnes où on achète son pain pour la semaine... c'est au poids. On écrit même le prix à la craie au dessous (en infraction totale avec les recommandations européennes)... quatre jours après, il n'est toujours pas rassis ! Pas de doute, il y a un truc!

pas d'accord ? dites-le                      haut de page