L' Histoire et la Butte aux Cailles

<-- ça, c'était à Molitor... en ruines aujourd'hui.

La rivière Bièvre

La rivière   Le puits artésien                     accueil

 

" Salaud qui salit l'eau ! "

 

Ça, c'est nouveau ! Du jamais vu ! Faut se laver les pieds !    

 En 1924, le premier pédiluve de Paris apparaît à la Butte aux Cailles. Louis Bonnier, l'architecte de la Ville de Paris, n'a pas construit une piscine. Il a construit une "usine à nager"... nuance. On l'appelle sobrement "établissement balnéaire". L'époque ne plaisante pas avec l'hygiène... ça vient de sortir. Pour la première fois les cabines sont isolées du bassin. Les nageurs doivent obligatoirement passer par la douche et le fameux pédiluve où, sitôt dévêtus, ils sont rappelés à l'ordre avec l'interpellation "salaud qui salit l'eau" inscrite en mosaïque dans le carrelage.

Une piscine, c'est un évènement. On a bien ouvert celle de Château-Landon en 1884 mais il faut reconnaître que la France n'est pas en avance sur le terrain des ablutions (ça n'a pas beaucoup changé). En 1922, selon Le Figaro, les Anglais disposent de 806 piscines, les Allemands en ont 1362, les Français... 20 ! (dont sept à Paris).

Depuis la nuit des temps, dans toutes les civilisations, les bains étaient publics. Au delà de la purification des corps, c'était un lieu de convivialité et de plaisirs sensuels (chacun son strigile! gommage, massage, épilation, vapeurs...). Très vite, la promiscuité des corps nus a été dénoncée par les Églises (aussi bien réformée que catholique) comme la preuve d'une débauche effrénée. On évoque Gomorrhe ... il est vrai que la mixité des bains au XVI°, les libations qui l'accompagnent, les corps lascifs, les joues rosies par la chaleur des étuves, les odeurs des essences dont on s'oint, suscitent quelques émotions... parfois trop évidentes. Les épidémies ajouteront un prétexte supplémentaire à la fermeture des bains publics qui avaient déjà été assimilés à des lieux de débauche et de prostitution.

Les Français seront dorénavant crasseux pendant plusieurs siècles...

Avec les Lumières, les temps changent. Sur la Seine s'installent des "toues". La Belle Jardinière existe depuis longtemps mais dès 1786, les bains Turquin s'installent au pont de la Tournelle (détruits peu après par les blocs de glace que la Seine charrie !), ensuite les bains Vigier et la célèbre piscine Deligny (installée plus tard dans la barge qui servit au retour des cendres de Napoléon) qui durera jusqu'en 1993 quand elle coulera en l'espace d'une heure. Il faut attendre la mise en service du canal de l'Ourq (1837) pour que de nombreux établissements de bains ouvrent leurs portes dans Paris. Le bain est à la mode. Mais, cette mode ne s'adresse pas encore au vulgum pecus. Il s'agit surtout de superbes pavillons où, après les ablutions, on sert le chocolat ou le thé dans de fragiles porcelaines.

Cependant, à la même époque, le "Conseil Supérieur d'Hygiène Publique" recommande ses théories relatives à la salubrité publique. Les nombreuses délibérations que le sujet impose entraînent quand même la multiplication de bains-douches municipaux... publics (de poplicus, ci-dessous... la France d'en bas, quoi!)

Soyons clairs... on ne parle plus de plaisir mais d'hygiène... d'ailleurs on ne s'adresse pas à la gentry...

Pour preuve, on en construit surtout dans les quartiers populaires... Sur la Butte où l'eau du puits  coule inutilement depuis cinq ans, on construit les bains-douches qui seront bientôt remplacés par la piscine de la Butte aux Cailles.

Dans le quartier de la Butte, rares sont les nantis qui disposent d'une salle de bain... et, pour cause... il n'y a pas de nantis dans le quartier! Les bains-douches connaîtront à Paris un grand succès jusqu'aux années1960 (pour info... en 1960, 40% des logements du XIII° ne disposent pas encore de WC intérieurs et 70% n'ont pas de douche).

Notons les efforts considérables de la Mairie de Paris:

Au XXI° siècle, les Parisiens disposent maintenant de 34 piscines municipales... soit une piscine pour 75.000 personnes environ. Mais pas question de se dire "j'ai une heure, je vais piquer un tête"... la compréhension des horaires pour le nageur impulsif ordinaire relève généralement de la recherche opérationnelle...

Les piscines publiques ne sont publiques qu'en fonction des disponibilités que la Cité veut bien accorder (<-- voir horaires) ... en fonction des réquisitions de l'Education Nationale (normal... il n'y a pas de piscine dans les lycées) , des Sapeurs Pompiers (une piscine par caserne... ce ne serait pas du luxe!), des clubs etc...  certains envisagent même un nouveau paramètre avec des heures selon le sexe dont il conviendra évidemment de prouver le type avant d'entrer... ça va encore se compliquer ! C'est pas facile à suivre...  Voile interdit, bonnet obligatoire. Va comprendre. Si, au moins, il était phrygien, le bonnet des affranchis.

La mer est à deux heures de Saint Lazare (prenez le 27 place d'Italie).

le puits artésien  la piscine   haut de page