![]() |
D'après les plans, ça devrait aller.
Depuis 1782, les deux frères
Etienne et Joseph de Montgolfier ont effectué de nombreux essais de
ballon captif réussis du côté d'Annonay, chez eux, en Ardèche. Le premier
envol
d'un
globe de papier
Le 21 septembre donc, à Versailles, on recommence. Cette fois, ils réussissent même à expédier un coq, un canard et un mouton (les Laïka de l'époque) dans les airs sous le regard ébahi de Louis le Seizième... le départ a bien été un peu poussif, mais après huit minutes de vol, les bestioles ont finalement retrouvé la terre ferme, saines et sauves... 3 Km plus loin. Au delà de l'ascension, il s'agissait surtout de vérifier que l'air en altitude restait respirable à ces créatures. Preuve est faite. Dès lors, les deux frères, ayant reçu leurs lettres de noblesse (ça ouvre des crédits... le Vélin de Rives leur en avait déjà ouverts), multiplient leurs essais avec un ballon captif dans les jardins des Etablissements Réveillon. |
21 novembre 1783 Aujourd'hui, c'est le grand jour! On va vérifier, que des hommes, comme la ménagerie du mois de septembre, peuvent se déplacer dans les airs et y respirer ! La toute nouvelle "machine aérostatique" devant évoluer devant le Roi Louis, Joseph de Montgolfier en a commandé la réalisation aux ateliers Réveillon (Pierre [le père Montgolfier] papetier réputé, fournissait probablement son papier aux Etbs Réveillon depuis sa manufacture de Vidalon-lès-Annonay).
Arrivés à 3.000 pieds dans le ciel (environ 1.000m), bien que la vue soit probablement magnifique, trop occupés qu'ils sont à alimenter le feu de paille, ils ne remarquent pas la foule qui sourd de partout, qui grimpe même sur les tours de Notre Dame et de Saint Jacques de la Boucherie, qui envahit le Champ de Mars. Au fur et à mesure que le vent les pousse, une marée humaine suit les pérégrinations de l'auguste montgolfière où l'on peut même apercevoir les deux passagers (en chemise !) s'activer à maintenir les feux. Ils s'y activent d'ailleurs tellement que l'enveloppe de papier doit être souvent arrosée pour ne pas s'enflammer ! Le vent d'ouest les conduit lentement au dessus de ce qu'ils imaginent être les bois du Luxembourg et les guide maintenant au delà de la vallée de la Bièvre où ils aperçoivent déjà des moulins. Mais, ça a beau être arrosé, l'enveloppe craque de partout... l'état de la toile devient très inquiétant, ils décident alors de laisser mourir le feu et d' atterrir. Après une équipée de 26 minutes au dessus de Paris, ils réussissent finalement à poser la "Marie-Antoinette" sur une friche entre le Moulin des Merveilles et le Moulin-Vieux... au sommet de la Butte aux Cailles. On rapporte qu'un admirateur enthousiaste, le duc de Chartres, enfourcha son cheval au moment de l'envol et traversa tout Paris au grand galop, depuis La Muette, au gré de leur parcours... ô combien aléatoire. Il était effectivement là, à l'atterrissage, pour les féliciter devant le Moulin des Merveilles. Louis XVI, enthousiasmé par ce premier vol humain, voulut immédiatement faire bâtir une fontaine monumentale au point précis de l'atterrissage, pour commémorer cet évènement glorieux qui ouvrait à la Science des perspectives infinies... Hélas pour nous (on parle de la fontaine), peu de temps après, la bourrasque révolutionnaire lui imposa d'autres urgences et le projet fut oublié... jusqu'au 200ème anniversaire. Dix jours plus tard, l'exploit de Pilâtre et d'Arlandes était déjà dépassé... |