1870, après la guerre...

            Le Siège de Paris                 

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Sitôt après la débâcle et la chute de Sedan, le 30 septembre, Paris est assiégé. 400.000 Prussiens encerclent rapidement la capitale et disposent déjà leur artillerie sur les hauteurs. Gambetta annonce la déchéance de l'empire, la III° République est proclamée à l'Hôtel de Ville le 4 septembre (On l'appelle la "République des Jules" : Jules Favre, Jules Grévy, Jules Ferry et Jules Simon... plus Gambetta et Adolphe Crémieux).

Jules Favre proclame encore "le gouvernement républicain ne cèdera pas un pouce de notre territoire à l'ennemi"... un grand visionnaire celui-là !

Le 7 octobre, Gambetta s'envole de Montmartre en ballon pour rejoindre le gouvernement réfugié à Tours avant d'émigrer à Bordeaux. Pas de chance, vents contraires, il se retrouve dans la Somme au milieu des lignes prussiennes... il en réchappe de justesse et arrive enfin à Tours pour organiser la fameuse "guerre à outrance"...

Pendant ce temps, on s'affaire à protéger la ville. On mure même les accès des catacombes dont, croit-on, les plans auraient été communiqués aux Prussiens. On expédie les trésors du Louvre vers Brest. La Vénus de Milo est emmurée en secret dans la Préfecture de Police.

L'instauration d'une indemnité journalière (1,50 franc) encourage les vocations et grossit les troupes de la Garde Nationale. 50.000 hommes qui ont réussi à s'échapper de Lorraine et 15.000 marins rejoignent la capitale. Les provinciaux arrivent également en rangs serrés, chacun attifés selon sa région... les bourguignons en sarrau bleu, les bretons (qui ne parlent que breton) derrière la cornemuse et le flageolet. On envisage même la création de dix bataillons féminins (les "amazones de la Seine" !). La fièvre patriotique se répand. Tout le monde porte son képi, y compris Victor Hugo qui ne le quittera plus de toute la durée du Siège.

Au Jardin des Plantes, 3.000 bœufs sont parqués. Dans les jardins du Luxembourg, c'est un troupeau de plusieurs milliers de moutons. De la Barrière d'Italie à la Salpêtrière les étables se succèdent, tous les jardins sont réquisitionnés... la Ville devient un gigantesque parc à bestiaux....les restaurants commencent insidieusement à proposer de la viande de cheval...  hérésie il y a encore peu. (la première boucherie hippophagique ouvre avenue d'Italie).

Le soir, couvre-feu oblige, les Parisiens préfèrent venir observer nuitamment les forces prussiennes depuis la colline de Passy. La Butte aux Cailles et le XIII° n'incite pas à la promenade nocturne malgré la concentration impressionnante de "jauniers" (du "jaunard": absinthe ou alcool de safran) et autres assommoirs qui sont recensés entre le quartier de la Gare et la Butte. 

Toutes les communications entre Paris et la province (télégraphe, routes, trains, bateaux, etc... ) sont maintenant interrompues. Les Parisiens ont de la ressource... l'Elysée Montmartre est transformé en "atelier aérostatique" tout comme la Gare d'Orléans (Austerlitz) d'où partiront beaucoup de ballons. On installe à la barrière d'Italie, à Montmartre et à la Villette des ballons captifs pour observer les mouvements ennemis. Entre septembre et janvier, pas moins de 65 ballons aérostats emportent le courrier (3 millions de lettres) , des passagers (90) et 3 ou 400 pigeons voyageurs !

Un de ces ballons partira du boulevard d' Italie (aujourd'hui Blanqui), dirigé par Gabriel Mangin le 23 septembre. Il atterrira à Vernouillet.

<-- Amerrissage difficile ...

Mais, on ne maîtrise pas encore très bien le pilotage de ces engins... un ballon, parti de la Gare du Nord, se retrouvera en... Norvège ! Un autre, parti également de la Gare du nord, se posera en Bavière... immédiatement capturé par les Prussiens. D'autres se balancent au dessus de l'Atlantique... mais, finalement, sur le nombre, seuls cinq tombèrent en zone ennemie et deux disparurent corps et biens. Ratio correct. 

On invente aussi les fameuses "boules de Moulins", boules métalliques étanches où sont entassées jusqu'à 700 lettres. Elles sont jetées en rivière et repêchées au gré des courants qui sont supposés les acheminer jusqu'à Paris ! Si la poste de Moulins reçut des milliers de lettres libellées "Paris par Moulins, Allier", aucune n'est jamais arrivée à destination. Un bon nombre de ces boules a toutefois été retrouvé, envasées au fonds des rivières... ces lettres, tout comme les "ballons montés" constituent aujourd'hui des trésors pour philatéliste ! Il doit encore en rester dans les rivières... bonne chance !... à vos haveneaux.

Toutes les tentatives pour forcer le blocus échouent. L'annonce de la capitulation de Bazaine à Metz et la perte du fort du Bourget provoquent les manifestations des bataillons de Belleville et de Ménilmontant. La manifestation tourne vite à l'émeute.

Le 31 octobre. L'Hôtel de Ville est investi, le gouvernement de Défense Nationale menacé. Trochu se méfie de la Garde Nationale où le blanquisme a déjà fait de nombreux adeptes... c'est donc délibérément qu'il organise quelques "saignées" en déclenchant des sorties comme celle de Buzenval (janvier) où, alors que le fort de Montretout était conquis, il ordonne la retraite. La Garde Nationale ne comprendra qu'ensuite qu'on l'a faite sortir pour la sacrifier (cf Lissagaray).

 

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