L' Histoire et la Butte aux Cailles                  L' Histoire et la Butte aux Cailles

 

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Le XIX° siècle, c'est une suite ininterrompue de chambardements politiques et sociaux ! empires, monarchies, républiques se succèdent. Au milieu de ce maelström, les trois mois de la Commune influenceront d'avantage la géopolitique du siècle suivant que tout autre évènement... on s'y attarde... tout comme on s'attarde sur l'infect Foutriquet.

Le XIX° siècle voit la naissance du XIII° arrondissement de Paris. Sur la Butte aux Cailles, tout va changer. Faisons quelques digressions, histoire de resituer le décor parce que... il y a de l'ambiance!... ça va saigner !... On note déjà que la Butte aux Cailles, éminence isolée au sud de Paris, est particulièrement appréciée des artilleurs qui y disposent régulièrement leurs canons aux gré des bouleversements politiques.

 

 

Après les turbulences de la Révolution, du Consulat puis du 1er Empire, les Bourbon réapparaissent avec Louis XVIII. Ça ne dure pas très longtemps... Napoléon lassé d'administrer son île, revient plus teigneux que jamais. Une brève victoire à Ligny et, patatras... deux jours après, vous connaissez l'histoire, Grouchy n'arrive pas... c'est Waterloo. Débandade, repli, c'est aujourd'hui la fin des Cents Jours. Masséna, gouverneur de Paris, rend son tablier. Nous sommes en été. Il fait chaud. A la Butte aux Cailles... ce jour-là,  Emile de Labédollière commente:

"Rue de la Butte aux Cailles: c'est là que, le 3 juillet 1815, c'est à dire le matin de la dernière capitulation de Paris, étaient placés deux obusiers et seize pièces de canon; là que se portaient les curieux dont les oreilles étaient frappées à la fois par le bruit des canons alliés, s'emparant des hauteurs de Vanves et de Montrouge, et par le son des violons partant des guinguettes du boulevard voisin".  

On sent tout de suite l'ambiance de la Butte !... Pendant que les "grands" du moment se bagarrent pour le Pouvoir, on danse sur les Barrières. Dans les guinguettes, le p'tit blanc d'Ivry remplit les canons dans l'âcre fumée de la poudre à canon. Quelques artilleurs consciencieux continuent leur canonnade sans trop savoir quoi viser.

Vite fait, Napoléon, maussade, est embarqué pour l'Angleterre dès le 15 juillet. C'est la fin des Cent jours, Louis XVIII en profite pour réapparaître.  Certes, il revient mais il revient "dans les fourgons de l'étranger ! ". On ne le lui pardonnera pas. Il a perdu le peu de crédit qu'il avait encore et se laisse maintenant mener par le comte d'Artois qui se verrait bien succéder à ses deux frères (Louis XVI et Louis XVIII). Après tout, il n'y a pas de raison, hein ?

Sur la Butte aux Cailles, les pentes commencent déjà à se peupler. Les habitants des quartiers populaires sont chassés du cœur de la capitale par les innombrables expropriations qui précèdent les grands travaux à venir et qui font déjà exploser le prix des loyers. A noter, une grande décision politique est votée : Le Pont d'Austerlitz s'appelle dorénavant le Pont des Jardins du Roi... , il faut bien amadouer les Wellington, Blücher et consorts et puis, ça rappelle le bon vieux temps, l'ancien régime

En 1818, le village des Deux-Moulins, qui s'est brièvement appelé Austerlitz (1806), est annexé à Paris... on y a de grands projets. On y prévoit même une gare fluviale gigantesque permettant l'accostage de 300 navires et péniches pour assurer l'approvisionnement de la ville (projet vite abandonné).

On n'en sort pas ! Après Louis XVIII... (la gangrène a emporté le vieux Stanislas)... encore un Bourbon !... quelle famille ! C'est un brelan d'as ! Après Louis XVI et Louis XVIII, voilà  maintenant Charles X (plus qu'un à venir, Philippe Egalité).

De Charles X et de ses ultras (1824-1830) (ceux-là qui ont fait exécuter les quatre Sergents de La Rochelle en 1822) il restera tout de même une superbe girafe (c'est la première, on lui donne deux "f" ) offerte par le généreux Méhémet Ali, vice-roi d'Egypte et francophile. Dans l'enthousiasme il offre aussi un des deux obélisques de Louxor et ce qui constitue, encore aujourd'hui, la majeure partie du fond égyptien du Louvre. Le tout offert... après suggestions de Jean-François  Champollion dont on demandait l'avis éclairé.

C'est hélas, ce même Charles X qui embarque la Nation dans ses relations houleuses avec le Maghreb pour une malheureuse histoire d'éventail (le Consul de France avait été prestement éconduit d'un soufflet d'éventail du Dey)... Le casus belli était tout  trouvé. En chassant le Dey (le représentant de l'Empire Turc) et en mettant la ville d'Alger à sac (juillet 1830)...  la France se bâtit sa fameuse réputation ( cf  les bienfaits civilisateurs de la colonisation ! ) en se lançant dans l'aventure coloniale dont seul Jean-Baptiste Say prévoit l'issue dès 1830 :

«...un temps viendra où on sera honteux de tant de sottise et où les colonies n'auront plus d'autres défenseurs que ceux à qui elles offrent des places lucratives...»  (in Cours complet d'économie politique 1830).

Épisode d'autant plus regrettable que les Trois Glorieuses font tomber le régime. Le roi abdique la semaine suivante (2 août 1830) pour aller se planquer en Angleterre...

En Algérie, on est loin des nouvelles, alors on fait comme si. On s'installe. Enfin, il faut le dire vite, car il faudra quand même attendre treize ans et l'apparition du duc d'Aumale avec sa célébrissime prise de la smala d'Abd el-Kader ( cf Pierre Dac - Francis Blanche)....et un peu plus pour le faire plier.

Certes, Abd el-Kader se rend devant la force... Abd el-Kader, le fougueux défenseur de l'Algérie était aussi théologien, poète et philosophe. Il imposait le respect. Lorsqu'il signa sa reddition, il envoya un cheval  au duc d'Aumale en signe de soumission selon la coutume algérienne de vassalité. Le papier seul n'eût eu aucune valeur. Napoléon III ira jusqu'à lui accorder une pension du gouvernement (à lui... et à sa suite de 100 personnes) et le confèrera même Grand'Croix  de la Légion d'Honneur !... (aujourd'hui, pour la rosette, pas besoin d'être poète, comptable suffit) avant de l'expédier au loin... très loin de l'Algérie, voyage gratos, en Turquie puis Damas en Syrie.

La "colonisation" va enfin pouvoir distiller tranquillement les bienfaits civilisateurs du Second Empire naissant, le fameux Ordre Moral qu'on sent encore sourdre de nos jours sous la notion "d'identité française ". Restons vigilants, déjà les miasmes environnants montrent que la Bête n'est pas morte.

 

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