Les Fortifications ou la "Loi des Bastilles"...

" Le mur murant Paris rend Paris murmurant"

 

Le mur d'octroi des Fermiers Généraux, construit à partir de 1784, avait été bâti dans l'optique de percevoir les taxes sur les marchandises et non comme un ouvrage militaire . On chantait alors "...la Ferme a jugé nécessaire de mettre Paris en prison...". La muraille de 3 mètres de haut avec chemin de ronde du côté Paris et son no man's land (le glacis) de 100 m de l'autre avait évidemment entraîné la contrebande... chacun déclarant ses marchandises à l'entrée et à la sortie des Barrières, la Taxe était alors calculée sur la différence.  ( à l'occasion de travaux, on retrouve encore aujourd'hui des souterrains qui débouchent dans des caves d'immeubles. Quand il y a des gabelous, il y a forcément des contrebandiers...) Devant les Barrières, les auberges et guinguettes se multiplient proposant le vin non taxé.

Dans le XIII°, cette enceinte occupait l'emplacement des actuels boulevards (du flamand bolwerk, ouvrage de défense)  Vincent Auriol et Auguste Blanqui. Des portes ou "barrières" permettaient l'entrée et la sortie des marchandises sur les principaux axes:

  • Barrière d'Italie ou Fontainebleau.

  • Barrière de Croulebarbe.

  • Barrière de l' Ourcine ou de la Glacière

  • Barrière de la Santé

Jusque là, Paris était une ville ouverte. En 1784, Ledoux avait déjà songé à construire une enceinte fortifiée autour de la capitale. C'est Thiers (déjà lui !) qui fait voter le 1er août 1841 la célèbre "Loi des Bastilles" qui déclenche l'ouverture du chantier (contre l'avis de Lamartine et d'Arago qui jugent le projet inutile... l'avenir leur donnera raison.).

détail autour de la Butte

La nouvelle enceinte de 39 Km, aura 96 bastions (!) dont on distingue sur le plan du "Petit Gentilly" (à gauche) les N° 82, 83, 84 et 85 au sud de la Butte aux Cailles. Il ne faudra pas moins de 10.000 hommes (dont 1/3 de militaires) pour ce chantier qui attire les artisans de province. Une route militaire longe les murs par l'intérieur; elle deviendra les futurs boulevards des Maréchaux. Au delà de cette enceinte (qu'on appelle déjà les "fortifs") , ce sera un secteur militaire non aedificandi de 200m ( "la Zone" ) où les chiffonniers et les puciers proposent leurs trésors.  Ça donnera les marchés aux Puces. Jusqu'aux débuts des années 1960,  jusqu'aux pelleteuses du périph', on pourra encore voir brûler les feux des camps gitans devant leurs roulottes multicolores et leurs chevaux.

Ces fortifications (dont il reste encore aujourd'hui quelques morceaux) , seront démolies à partir de 1920... ça nous donnera un boulevard périphérique super ! Ceinture qui corsète Paris comme aucune autre ville au monde... in/out...  allez hop ! la "vile multitude" des ouvriers, en banlieue.

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